sélection de textes, de propos, choix de citations
- par Hundertwasser, pour le projet architectonique de garderie d’enfants à Francfort-Heddernheim
- Développement de la nature en réponse à l’éparpillement du paysage
- Vie en harmonie avec la nature.
- Grand air au lieu d’air des villes
- Le désir de romantisme et de créativité est exaucé
- Toits entièrement recouverts de verdure, ou l’on peut déambuler et se promener
- Maisons économisant de l’énergie, fraiches en été et chaudes en hiver
- Plus grande qualité de vie pour les riverains et les non-résidents
- Un moyen créatif pour sortir de l’impasse de l’urbanisme, qui fera école dans le monde entier
Ce qui est futuriste n’est pas nouveau ! Il s’agit plutôt de retrouver la dignité humaine en architecture. Ou de retrouver la dignité humaine purement et simplement.
Pourquoi manipuler la règle si insensiblement, alors que chacun sait que la ligne droite est une illusion dangereuse et commode qui conduit à la ruine ? Il est incroyable que l’on construise toujours de manière hostile à l’homme et à la nature bien qu’il soit établi depuis des dizaines d’années que la mentalité du Bauhaus est une impasse.
On peut décrire la mentalité du Bauhaus dans le domaine de la construction de logements comme suit : sans sentiments et sans émotions, dictatoriale, insensible, agressive, simple, stérile, austère, froide, non poétique, non romantique, anonyme et vide. Une illusion du fonctionnalisme. Les maisons où vivent des hommes ne doivent pas être abandonnées à une mafia internationale de l’architecture aux actes politiques et culturels, qui joue à des jeux nihilistes et esthétiques avec les hommes. Quand une mafia de l’art veut imposer au public une certaine peinture, laide et négative, qui est justement à la mode – dans les musées et les revues d’art – c’est moins grave.
La mode artistique moderne change de toute façon d’année en année, et on n’a besoin ni d’acheter, ni de regarder.
Quand cette mafia intellectuelle, hostile aux hommes et à la nature, contraint toutefois les hommes à vivre durant des générations dans des maisons sans âmes conçues selon une mode perverse, c’est un crime permanent.
Le fait que les occupants soient obligés de subir des maisons dictatoriales crée exactement la base du mal intellectuel et physique général dont notre civilisation occidentale, l’état, la nature et nous-mêmes souffrons. L’architecte et urbaniste est aujourd’hui plus que jamais le pantin peureux de commanditaires sans scrupules. Il est l’exécuteur soumis du lobby de l’industrie en série, de la mafia de l’argent et de la politique de force. Comme un criminel de guerre et généralement contre sa conscience, au cas où il en a une, il exécute docilement les ordres et construit des camps de concentration, où périssent la vie et l’âme humaine.
L’utilisation aveugle, lâche et stupide de la ligne géométriquement droite a transformé nos villes en désert, aussi bien au sens esthétique et psychique qu’au sens écologique.
La ligne droite et ses produits sont des ulcères cancéreux, aussi bien du point de vue de l’urbanisme que du point de vue médical.
Nos villes sont les idées saugrenues transformées en béton d’architectes criminels auxquels ne s’applique pas le serment d’Hippocrate qui doit dire ceci : Je me refuse à construire des maisons par lesquelles la nature et les hommes se font du mal. Deux générations d’architectes possédant la mentalité du Bauhaus ont détruit notre habitat. Depuis qu’il y a des urbanistes nos villes sont devenues laides. L’homme a perdu le contact avec la terre. L’homme vit séparé de la terre et de son milieu naturel. Nous nous séparons de la terre avec le béton et le plastique. L’eau de pluie ne peut plus s’infiltrer dans le sol des villes et est conduite ailleurs au moyen de tuyaux.
Même nos morts, enterrés dans des cercueils imperméables à l’air et à l’eau à quatre mètres au-dessous de la couche d’humus, ne peuvent entrer en contact avec les plantes et ne peuvent se transformer en humus.
La rentabilité détournée de cet ensemble est prodigieuse, car il faut dire ce qui suit à propos du calcul des frais et profits: dans le traitement des données de nos ordinateurs, toutes les données concernant les besoins écologiques, créatifs, et les désirs et besoins psychiques des hommes devraient être mémorisés et pris en considération en tout premier lieu. On peut ainsi également calculer avec des moyens modernes, avec des ordinateurs, dans le monde de l’architecture, de l’urbanisme, de l’économie, de la circulation, de l’énergie, de l’agriculture, ce qui est cher et ce qi est bon marché, ce qui mène au but et ce qui est nuisible et ce, dans le contexte général. Prendre de même en considération toutes les données disponibles, économiques et autres, doit être la considération préalable pour tous les calculs.
A quoi sert par exemple une maison bon marché, qui nous revient cher parce que les projeteurs et les architectes ont seulement additionné et calculé le prix des matériaux de construction, le prix du terrain et les salaires.
Les autres facteurs n’ont pas été mentionnées sur l’addition, bien qu’il soit parfaitement possible de les calculer : dépenses accrues pour le chauffage et la réfrigération, l’élimination de la poussière et du bruit, l’air pollué rien que pour n’avoir pas conçu par exemple un toit recouvert d’herbe.
Les frais galopants, causés par le vandalisme, la criminalité, l’insatisfaction, les névroses, la perte de travail, les frais d’hôpital, la désertion des villes, la violation de l’amour-propre et de la dignité humaine, le bâillonnement de la créativité de l’individu, tout cela causé par la mauvaise planification et l’omission des composantes écologiques et créatives dans leur interaction variée et dans leur ensemble complexe. Ce calcul est garanti, il est seulement présenté un peu plus tard, à l’occasion de quoi les concepteurs avaient jusqu’ici beau jeu de démentir les relations, les causes et les effets, bref leur responsabilité.
Mon activité créatrice à la conception de cet ensemble doit donc seulement être conçue comme une contribution préliminaire à la créativité individuelle. La nature, l’art et la création constituent une unité. Nous n’avons fait que les dissocier. Quand nous faisons violence à la création de la nature et quand nous détruisons la nature en nous-mêmes, nous nous détruisons nous-mêmes, seule la nature peut nous enseigner la création, la créativité. Notre véritable analphabétisme est l’incapacité de travailler créativement. Nous devons viser un traiter de paix avec la nature, la seule puissance créatrice supérieure dont dépende l’homme. Ce traité de paix avec la nature devrait entre autres comprendre les points suivants :
- Nous devons apprendre le langage de la nature pour nous entendre avec elle.
- Nous devons rendre à la nature les territoires que nous avons usurpés et dévastés, par exemple selon le principe que tout ce qui est horizontal en plein air appartient à la nature. Par exemple les toits les rues.
- Tolérance de la végétation spontanée.
- La création de l’homme et la création de la nature doivent de nouveau être réunies. Séparer ces deux créations a eu des conséquences catastrophiques pour la nature et pour l’homme.
- Vie en harmonie avec les lois de la nature.
- Nous sommes seulement les hôtes de la nature et nous devons nous comporter en conséquence. L’homme est la vermine la plus dangereuse qui ait jamais dévasté la terre. L’homme doit se renvoyer lui-même dans ses limites écologiques afin que la terre puisse se régénérer.
- La société humaine doit redevenir une société sans déchets. Car seul celui qui respecte et recycle ses propres déchets dans une société sans déchets, transforme la mort en vie et a le droit de se perpétuer sur cette terre du fait qu’il respecte le cycle et laisse faire la renaissance de la vie.
Le désir de l’homme d’avoir une maison en harmonie avec la nature et la créativité de l’homme est immense.
Mais ce désir naturel est précisément refusé aux occupants, surtout aux enfants et aux écoliers. Il y a toujours des êtres humains qui doivent apprendre et habiter dans des bâtiments ressemblant à des camps de concentration, préfabriqués à la machine ou dépourvus d’âme, froids et sans émotion.
Pourquoi avons-nous tous ces nouveaux matériaux si nous ne les utilisons pas pour ramener la nature dans la ville. Nous avons du ciment, du béton armé, du plastique, du bitume, du caoutchouc synthétique, de l’acier inoxydable, de l’argile expansée et des mélanges composés à partir de ces matières, ainsi que les anciennes matières telles que le goudron, la brique, le bois, le caoutchouc, etc.
Ce devrait être un défi pour tout architecte que de construire un habitat non seulement pour l’homme mais aussi particulièrement pour la végétation qui pousse spontanément en ville. Un bon édifice doit avoir réalisé et conjugué deux choses : harmonie avec la nature et harmonie avec la création humaine individuelle. Nous avons trop longtemps assujetti la terre, avec les effets catastrophiques que nous connaissons tous.
Maintenant, il est grand temps que nous fassions le contraire, que nous allions sous terre, que nous ayions la terre au-dessus de nos têtes. Cela ne signifie nullement habiter dans des grottes obscures ou dans des caves humides, bien au contraire. On peut avoir en même temps de la terre et de la forêt au-dessus de sa tête et de la lumière. Si nous devons aller sous la nature, cela veut dire, symboliquement et pratiquement, que nous devons à nouveau vivre dans des maisons où la nature est au-dessus de nous, car il est de notre devoir de replacer sur le toit la nature que nous assassinons du fait que nous construisons une maison. La nature que nous avons sur le toit est un morceau de terre que nous avons assassiné en plaçant la maison à cet endroit. Nous avons besoin de barrières esthétiques afin que le monde soit de nouveau plus grand. Mais au lieu de cela, nous cassons tout à l’endroit où nous sommes et cassons également tout, là où la nature est encore vierge. Et pour y parvenir, nous construisons des rues laides afin que tout soit également cassé entre-deux. Le monde devient donc partout petit et laid. Ce dont nous avons pourtant un besoin urgent, ce sont les obstacles esthétiques. Ces obstacles esthétiques sont constitués d’irrégularités non réglementées, et ces irrégularités non réglementées sont constituées ou de végétation spontanée ou de la créativité individuelle. Ce sont là des créations qui se complètent mutuellement. Quand l’individu profite de son droit à la fenêtre et façonne son environnement, ou plutôt quand chaque individu donne une chance à la végétation spontanée dans son domaine, on n’a pas besoin de voyager longtemps pour arriver dans le royaume voisin, car le paradis est le même chez le voisin du coin que là où on se trouve soi-même.
On ne peut pas chercher et trouver des paradis, on ne peut pas saisir des paradis ou les faire fabriquer par les autorités.
L’ensemble de Heddernheim servira d’exemple pour le monde entier. Habiter et travailler près de la nature d’une façon digne de l’homme est à la portée de tout le monde, c’est possible, et même économiquement meilleur marché, comme nous l’avons déjà dit, la rentabilité détournée de cet ensemble est immense, c’est la méthode de construction normale néfaste à l’homme et à la nature qui nous revient cher à tous.
- A vol d’oiseau, l’ensemble de Heddernheim est complétement vert, comme les clairières et les parcs naturels.
Le fait que la maison soit recouverte d’herbe et de forêt sans compromis amène une excellente isolation : fraiche en été, chaude en hiver. Dans ma maison à Vienne, dans la Löwengasse, un radiateur – sur les trois qui se trouvent dans l’appartement – suffit pour chauffer tout l’appartement (économie de chauffage et de réfrigération, économie d’énergie)
- Au lieu de partir en vacances, on préfère rester sur place, car c’est enfin une maison où l’on est heureux et où l’on se sent tout à fait bien.
- L’air respirable est amélioré, enrichi en oxygène, l’humidité est stabilisée, il n’y a presque pas de poussière.
- Le climat est meilleur, la pollution sonore est fortement diminuée.
- L’état général est bien meilleur, on se sent en meilleure santé, on a moins de maux de tête, moins de dépressions, moins de maladies (ce que cela entraine comme économie de médicaments, de médecins, de séjours à l’hôpital et en sanatorium, de frais psychiatriques est énorme. A long terme on économise plus que les frais de construction)
- Les conséquences très graves, venant du fait que l’on est obligé d’habiter et de travailler dans des bâtiments hostiles aux hommes et à la nature – comme le vandalisme, le terrorisme, les dommages psychiques et le suicide – sont en grande partie éliminées.
Comme pour la maison Hundertwasser, je vois le seul inconvénient de l’ensemble de Francfort-Heddernheim dans l’afflux quotidien de visiteurs venus du monde entier pour examiner la construction parce qu’ils veulent eux aussi vivre dans un milieu aussi harmonieux.
La réponse à cela est d’abord : délimitation pour protéger les usagers qui y travaillent, puis : construire davantage de maisons de ce genre car la demande est illimitée. Les toits sont entièrement recouverts de verdure, partout on peut marcher dessus, et les usagers peuvent ‘déambuler et se promener’.
Il n’y a aucun point de la maison que l’on ne puisse atteindre facilement. On peut séjourner sur les toits dans la verdure et sous les arbres. Une vision d’avenir utopique et féérique, telle que seuls les enfants osent l’imaginer, devient ici réalité concrète dans toute l’acception du terme. Du fait que les toits des maisons sont recouverts d’arbres et de plantes, l’espace où l’on peut séjourner est presque doublé parce que le toit, qui est autrement stérile et mort, est transformé en prairie, en forêt, en colline de vacances, en belvédère, en parc et en jardin. Les usagers sont fiers de leur bonne conscience vis-à-vis de la nature.
Tout ce qui est horizontal en plein air appartient à la nature.
Ici, c’est réalisé.
L’homme est l’hôte de la nature et doit se comporter en conséquence.
Ici, c’est réalisé.
Sur les toits, l’homme doit rendre à la nature ce qu’il lui a pris en bas illicitement en construisant la maison.
C’est une contribution active à la paix avec la nature, ce n’est pas seulement parler mais agir et montrer l’exemple. Cet ensemble au toit recouvert d’herbe est une réponse prometteuse à l’urbanisation effrénée des villes. L’anonymat des masses de gens, qui sont entassés les uns sur les autres dans les cages à lapin des grands ensembles, est une mauvaise méthode.
L’urbanisation effrénée et la destruction d’immenses paysages naturels par des cités banlieusardes monotones et uniformes sont tout aussi mauvaises. Los Angeles en est un exemple effrayant. Entasser les hommes en hauteur ou en largeur est une mauvaise méthode. Dans la cité aux toits recouverts d’herbe ou d’arbres, par contre, la nature prend de l’ampleur.
Car malgré la création d’espace vital pour l’homme, on crée pour la nature plus d’espace vital qu’il y en avait auparavant.
On crée un nouveau paysage. L’ensemble créé par Hundertwasser à Heddernheim réalise les véritables aspirations de l’homme d’aujourd’hui à la sécurité, au romantisme et à la communauté en harmonie avec la nature. Il ne reste plus à l’adulte souffrant de l’impuissance créative qui lui a été inculquée que la possibilité de se rappeler sa propre enfance, de partir de là et poursuivre là où on l’a arraché à ses rêves, qui n’’étaient pas des rêves, mais sa base réelle, les racines de son existence, sans lesquelles il ne peut jamais être vraiment un homme.
C’est précisément dans l’architecture pour les jeunes, c’est-à-dire dans les écoles, les foyers d’enfants, etc. que l’on a incroyablement péché jusqu’à présent. La répression directe et glaciale de l’âme enfantine et l’oppression de la créativité naissante y ont été pratiquées pendant des dizaines d’années. Tous simplement par l’architecture agressive et égalisante dans laquelle notre jeunesse doit passer les années les plus importantes de sa vie.
Les mauvais traitements psychiques, que l’on subit dans ce genre d’écoles construites à la manière des camps de concentration, dépassent dans leurs conséquences les châtiments corporels d’autrefois.
Les préjudices durables pour la jeune génération, qui a dû grandir dans les établissements et jardins d’enfants hostiles à la nature et à la créativité construits ces dernières décennies, sont immenses. Les enfants peuvent encore moins se défendre contre un environnement planifié qui tue l’âme et la vie. A Heddernheim, les jeunes auront un contact continu, positif et stimulant avec la nature, la beauté et la créativité. Cela marquera leur vie, et ils garderont toujours en mémoire les années de jeunesse passées dans cette maison comme quelque chose de beau qui influencera positivement leur vie.
Ils transformeront également ce qu’ils ont personnellement vécus de positif et de beau et le répandront dans le monde. L’homme de Heddernheim sera réellement libre et non déprimé par des constructions intellectuelles et théoriques. On peut seulement faire des paradis soit même, avec sa propre créativité, en harmonie avec la libre créativité de la nature.
Hundertwasser
Vienne le 14 mai 1987
« Nobody’s perfect… Personne n’est parfait, la réalité est multiforme, l’objet parfait n’est pas humain. L’imperfection est une qualité qui doit être donnée à l’objet.»
« Le futur est peut-être le passé »
« Le futur est féminin, donc les femmes sont invitées comme elles le font à prendre des responsabilité dans le monde de la politique, de l’économie, de l’art. »
« Si tu n’aimes pas le temps qu’il fait, change-le ! »
Gaetano Pesce
” L’architecture est toujours une réponse donnée à une question qui n’est pas posée. La plupart du temps, on nous demande de résoudre quelques contingences, et si au hasard de ces nécessités on pouvait faire un peu d’architecture, ce serait bien… Mais on se rend bien compte que les trois quarts de la planète ne sont pas en état de penser à l’architecture. Et là où elle est trop présente, les gens s’en prennent à elle. Entre ces deux extrêmes, où est sa juste place? “
Jean Nouvel, dans Les objets singuliers, architecture et philosophie, conversation entre Jean Baudrillard et Jean Nouvel
Atmosphères
« Qu’est-ce, au fond, que la qualité architecturale ? Pour moi, c’est relativement simple. La qualité architecturale, ce n’est pas avoir sa place dans un guide d’architecture ou dans l’histoire de l’architecture ou encore être cité ici ou là. Pour moi, il ne peut s’agir de qualité architecturale que si le bâtiment me touche. Mais qu’est-ce qui peut bien me toucher dans ces bâtiments ? Et comment puis-je le concevoir ? »
« J’entre dans le bâtiment, je vois un espace, je perçois l’atmosphère et, en une fraction de seconde, j’ai la sensation de ce qui est là. »
« L’atmosphère agit sur notre perception émotionnelle »
L’atmosphère architecturale suscite en nous une « compréhension immédiate, une émotion immédiate, un rejet immédiat. Quelque chose d’autre que cette pensée linéaire que nous possédons aussi »
« Il y a donc un savoir-faire dans cette tâche qui consiste à créer des atmosphères architecturales. Il y a des procédés, des outils et des instruments qui sont partie intégrante de mon travail »
« Ce sont des réponses très personnelles, très sensibles, individuelles. Je n’en ai pas d’autres. Ce sont des sensibilités, des sensibilités personnelles qui me conduisent à faire des choses d’une certaine manière »
« Et l’architecture est faite pour notre usage. Ce n’est pas un art libre. C’est la plus haute mission de l’architecture que d’être un art appliqué »
Peter Zumthor, Atmosphères
« Une œuvre d’art a un auteur, et pourtant, quand elle est parfaite, elle a quelque chose d’anonyme. Elle imite l’anonymat de l’art divin. »
Simone Weil, Œuvres
« L’architecte marchera aux côtés du poète qui lui fraiera un chemin parmi le monde des esprits et devant les pierres immortelles il s’avancera dans la vie »
Claude-Nicolas Ledoux
« Dis-moi, n’as-tu pas observé, en te promenant dans cette ville, que d’entre les édifices dont elle est peuplée, les uns sont muets, les autres parlent, et d’autres enfin, qui sont les plus rares chantent ? »
Paul Valery, Eupalinos ou l’architecte
« La vraie image qui n’est pas visuelle »
Bill Viola
qui dirige ses gestes ?
qui dirige la main ?
la tête non pas !
le lieu guide le geste,
le lieu tient la main.
le lieu dessine,
il ne dessine plus sa mémoire,
son passé, son état.
il gesticule sur ce qu’il devient,
ce qu’il sera,
ce qu’il est déjà devenu.
c’est cela être architecte
devenir rien à force d’être cet autre,
ce lieu, cet étranger : le projet
(……….)
puis ressentir quand ces deux là
se battent en nous,
devenir le lieu d’une illumination,
et à partir de cet instant
le germe d’un futur.
si dans l’acte de conception de l’architecture
vous ne sentez pas tangiblement
la présence métaphysique,
faites-vous marchand,
ce sera plus honnête.
Claude Parent, Colères
« Structurer l’espace de manière à protéger, sans jamais emprisonner. »
« Devant cette évidence de la connaissance de l’espace, « personne ne peut douter de la nécessité de l’Architecture. Personne ne peut poser la question : à quoi cela sert-il ? Cela sert à donner du bonheur quand même, du bonheur malgré tout, même quand les circonstances générales y sont opposées. »
Claude Parent
“En architecture, une erreur, ça peut durer longtemps” Renzo Piano
“ Je crois que l’obstination est une des forces qui animent mon travail.
L’esprit d’aventure en est une autre.
(…)
Mon attitude n’est ni arrogante ni moralisatrice, pour moi c’est une question d’honnêteté intellectuelle.
Je crois qu’en architecture il existe une moralité, une éthique, faite de cohérences avec ses idées, ses principes, son engagement, sa méthode.
Le problème est de savoir comment pratiquer la moralité sans devenir moralisateur, comment être obstiné sans devenir dogmatique. La réponse est la légèreté.
Je pense qu’on peut se servir légèrement de la méthode comme de l’intelligence. ”
Renzo Piano in ‘la désobéissance de l’architecte’
L’architecture commence par la maitrise de soi-même, difficile mélange de modestie et d’orgueil, de doute et d’autorité.
Paul Valery in ‘Amphion’